BFM / Quand on parle de ce que l'on ne connait pas

Aujourd'hui c'est une réaction à une vidéo de Julien Chièze. C'est une vidéo sur le test de BFM TV concernant l'addiciton des individus aux jeux vidéo. L'OMS a reconnu l'addiction aux jeux vidéo comme une maladie. Mais attention, cette addiction n'est pas une addiction classique, elle est définie par l'OMS de cette façon: "Le trouble du jeu est caractérisé par un comportement de jeu persistant ou récurrent ("jeu numérique" ou "jeu vidéo"), qui peut être en ligne (sur Internet) ou hors ligne, se manifestant par: 1) une altération du contrôle des jeux ( par exemple, apparition, fréquence, intensité, durée, fin, contexte); 2) accorder une priorité accrue au jeu dans la mesure où le jeu prime sur les autres intérêts de la vie et les activités quotidiennes; et 3) la poursuite ou l'escalade du jeu malgré l'occurrence de conséquences négatives. Le comportement est d'une sévérité suffisante pour entraîner une déficience significative dans les domaines de fonctionnement personnels, familiaux, sociaux, éducatifs, professionnels ou autres. Le modèle de comportement de jeu peut être continu ou épisodique et récurrent. Le comportement de jeu et d'autres caractéristiques sont normalement évidents sur une période d'au moins 12 mois pour qu'un diagnostic soit attribué, bien que la durée requise puisse être raccourcie si toutes les conditions diagnostiques sont remplies et les symptômes sont sévères."

Sur le principe c'est assez logique et même étonnant que cela n'ai pas eu lieu avant. en revanche, c'est le traitement et l'explication de ces caractéristiques qui pose problème. Des chaines d'information n'hésitent pas à prendre de grands raccourcis, à vulgariser au maximum les données afin de faire des articles à sensation. On trouve donc une nouvelle fois, une attaque sur les jeux vidéo. Si ce n'est pas la violence, si ce n'est pas l'isolement, on attaque un secteur par un autre levier. Et quel magnifique levier que celui de pouvoir classer des individus comme malades. Plus simple que tout ce qui a été dit avant, maintenant on va pouvoir parler d'addiction, ce qui va pouvoir englober les phénomènes de dépendance, de violence d'isolement, d'échec scolaire...  Là ou l'OMS pose des bases qui ressemblent à un réel diagnostic, les médias reprennent des exemples qui n'ont pas de fonds et qui ne visent finalement qu'a une seule chose, ternir l'image de cette industrie. 

Soyons clairs avant de pousser plus en avant mon article, je ne dis pas qu'il n'y a pas de dérives, ni même que l'addiction n'existe pas, ce que je réfute dans sa totalité, c'est la façon dont les médias vont et ont déjà commencé à traiter la question. Les apprentis médecins, sociologues et moralisateurs vont revenir. Je me souviens d'un reportage qui montrait une pédopsychiatre qui indiquait que les enfants devaient s'ennuyer, que le jeu vidéo les empêchant de s'ennuyer aller créer des problèmes dans leur développements... Je suis contre cette instrumentalisation d'une information qui peut être très intéressante. Déjà des associations de parents vont se jeter dans ce piège, faisant l'autruche sur des sujets les concernant réellement. Quid est de la question des GAFA, quid est des Géants de l'agroalimentaire? Quid est de l'huile de palme et des pesticides? Plus simplement, à quelle moment les médias vont ils faire la part des choses entre une passion et l'addiction? A notre époque il n'est plus possible pour les médias de se cacher derrière des arguments comme "les personnes sont assez instruites et ont la possibilité de chercher par eux même les informations" Non, c'est faux, la majorité des personnes n'en ont pas la possibilité, autrement les Hoax n'existeraient pas. C'est comme l'épisode de la crise des subprimes, quand les médias relayaient des informations pour taper sur la banque de détails alors que le problème était plus complexe et qu'il relevait de la banque d'investissement. Pire encore je me demande pourquoi les médias ne parlent pas plus des études de nombreux scientifiques qui ne sont pas d'accord avec les conclusions de l'OMS? Pourquoi toujours écrire à charge? Pour obtenir des clics, pour faire du sensationnel, pour faire tout l'opposé du métier de journaliste.

Mais revenons en à la vidéo de Julien Chièze, il nous présente les 9 questions du test de BFM, les voici donc:

1/ Lorsque je ne joue pas aux jeux vidéo, je continue à y penser je me remémore mes anciennes parties et je planifie la prochaine.

2/ Je passe de plus en plus de temps à jouer aux jeux vidéo.

3/ J'ai essayé de contrôler, de diminuer ou d'arrêter de jouer, mais généralement je joue plus longtemps que je ne l'avais planifié.

4/ Lorsque je ne peux pas jouer aux jeux vidéo je deviens irritable, voire de mauvaise humeur.

5/ Lorsque je ne me sens pas bien (triste, en colère ou stressé.e) ou lorsque j'ai des problèmes je joue davantage aux jeux vidéo.

6/ Si je perds une partie, ou que je n'atteins pas les résultats escomptés, j'ai besoin de continuer à jouer jusqu'à atteindre mon but.

7/ Parfois je cache aux autres - par exemple mes parents, mes amis, mes professeurs - que je joue aux jeux vidéo.

8/ Afin de jouer aux jeux vidéo, je me suis absenté.e de l'école ou du travail, ou j'ai menti, ou j'ai volé, ou je me suis querellé.e ou battu.e avec quelqu'un.

9/ A cause des jeux vidéo, j'ai négligé mes obligations professionnelles ou scolaires, ou j'ai sauté un repas, ou je me suis couché.e tard, ou j'ai passé moins de temps avec mes amis et ma famille.

Je ne vais pas faire un doublé de la critique de Julien Chièze, il a fait une très belle vidéo sur le sujet. que vous pouvez consulter juste au dessus. Je vais par contre mettre en avant plusieurs points qui me tiennent à coeur. Les 9 questions si elles sont sorties de leurs contextes pourraient être utilisées par des commentateurs sportifs ou des journalistes réalisant des sujets sur l'art. Les questions restent trop larges pour en sortir une conclusion quelconque, comment apprécier que l'on passe plus de temps à jouer? sur quelle période? Les facteurs extérieurs ne sont pas pris en compte et c'est donc un test "putaclick" dans toute sa splendeur. Le test ne relève d'aucune expertise scientifique et n'a rien d'un travail de professionnel de l'information. amusez vous à faire ce teste et remplacez l'occurence jeu vidéo par tout ce qui vous passe par la tête et vous vous rendrez compte de la nullité de ce test.

Comme notre youtubeur le dit si bien, ce n'est pas pour faire un procès, (en plus vous le savez, nous les LP'C on parle de ce que l'on aime) mais là c'est trop. Il faut recadrer, ne pas laisser passer ce genre de dérive. Montrons aux médias que nous ne sommes pas uniquement là pour manger leur papiers sans jamais réfléchir ni prendre de recul.

Voilà à quoi je pense maintenant que j'ai vu cette information

©LP'C

©Julien Chièze

©Noir Désir

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