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Illang: Un hommage aux airs de triple A

Disponible depuis le 19 Octobre 2018 sur Netflix, l'adaptation Coréenne de Jin Roh s'invite dans nos foyers. 20 ans plus tôt nous avons découvert cette perle de l'animation Japonaise et cette intrigue que seul un esprit prolifique comme celui de Mr Mamoru Oshii pouvait imaginer.
Nos amis du pays du matin calme n'ont pas lésiné sur les moyens et c'est Kim Jee Woon qui oeuvre afin de rendre hommage au film d'animation réalisé par Hiroyuki Okiura. Quand on parle de Jin Roh on sait que l'on s'attaque à un univers riche qui pose des questions et appelle plutôt à la contemplation et à la réflexion, car si en France nous avons principalement eu connaissance du film d'animation de 1999, il faut souligner le fait que ce dernier s'inscrit dans un univers qui prend ses origines dans le film The Red Spectacles réalisé par Mamoru Oshii himself en 1987. De cet univers riche va naitre un manga Kerberos Panzer Cop et un film live Strai Dogs. Point évident mais néanmoins important,de prime abord, la thématique n'est pas aisée à transposer dans une autre société, la montée en puissance de forces répressives gouvernementales et celle des mouvements contestataires ne trouver pas nécessairement échos dans tous les esprits. Le récit collant parfaitement au passé du Japon développe son propos pour finalement toucher tous les individus pour peu qu'ils prennent la peine de s'accrocher aux éléments disséminés tout au long du film de façon subtile et efficace. 

Pour le film Illang, un travail remarquable a été effectué pour mélanger histoire, fiction et anticipation dans une Corée qui lutte pour la réunification dans un pays en proie à des luttes de plus en plus violente justifiant l'utilisation d'unités spéciales de choc, les forces spéciales. Pour ne pas sombrer dans un manichéisme trop simple et trop évident, nous avons bien un développement tentaculaire comme les aime mr Mamoru Oshii. Des luttes intestines entre différents services et ce petit jeu du chat et de la souris au cours duquel les hommes ne sont considérés que comme des pions interchangeables servant une cause qui les dépasse. Un voile opaque persiste et tend à rendre l'atmosphère de plus en plus pesante, car chaque twist fait appel à un autre mystère. Le réalisateur du film "J'ai rencontré le Diable" nous propose un véritable hommage au film de 1999, la direction artistique est tout simplement à tomber et les couleurs sont un véritable appel aux nostalgiques. Certains plans sont même exactement les mêmes que ceux du film animé. Exit les choix douteux, les perruques et autres artifices rappelant les origines de l'oeuvre. Non le réalisateur nous soigne et c'est un plaisir de ressentir la crasse et le climat de tension dans lequel vont évoluer les protagonistes. Ne nous y trompons pas, nous avons à faire à un véritable travail et même Mr Mamoru Oshii qui a assisté à la projection du film a salué l'adaptation trouvant que "c'est un film interessant qui donne beaucoup à réfléchir" Il a notamment fait part de son admiration pour le travail concernant les armures et armes rendant le tout réaliste au possible.

Le personnage principal semble tout puissant et représente bien le loup, le mâle Alpha capable de tout anéantir sur son passage. On notera les scènes d'actions tournées de façon très dynamique et qui représentent en quelque sorte une vitrine des capacités athlétique d'un membre de la brigade mythique. J'en profite pour rebondir sur les critiques de ces scènes d'actions auxquelles j'ai eu à faire. Oui le film semble effectivement quitter le domaine de la réflexion pour draguer les sirènes des films d'actions et des plaisirs plus simples. Mais n'est il pas logique qu'un individu capable de tenir une onde de choc de roquette, de porter un équipement de Panzer et de faire un sprint avec cet équipement soit doté de capacité tactique et physique hors norme? On m'a fait remarquer que la notion de sacrifice et de déshumanisation se perdait au profit d'un film d'action bourrin. Je trouve dommage de passer à côté des nombreuses pertes dans les deux camps et de leurs sacrifices qui sont visibles tout au long du film. Car l'agent Lim n'est guère bavard et les différents protagonistes ont tous sacrifiés et continuent de sacrifier énormément pour des causes qui leurs sont finalement étrangère et les bloquent dans un quotidien aliénant et destructeur.

Avec des moyens impressionnants, comme en témoigne l'utilisation du studio Cube (le plus grand studio Coréen de tournage) et un casting très intéressant, le film n'a pas eu le succès escompté au box office Coréen.

  • Kang Dong-won : Im Joong-kyeong
  • Han Hyo-joo : Lee Yoon-hee
  • Jeong Woo-seong : Jang Jin-tae
  • Kim Moo-yeol : Han Sang-woo
  • Choi Minho : Kim Cheol-jin
  • Han Ye-ri : Goo Mi-kyeong
  • Shin Eun-soo : la fille au chapeau rouge
  • Kim Bup-rae : Park Moo-yeong, le dirigeant spécial
  • Lee Dong-ha : Park Cheol-woo
  • Choi Jin-ho : Park Jeong-gi, le secrétaire principal du Président
  • Jung Won-joong : Kim Myeong-bae, le chef de la police nationale

Le film a été assez durement critiqué à sa sortie en Corée du Sud mais les chiffres n'ont pour autant pas été décevant. Bien que critiqué, le film a tout de même fait partie de la sélection pour la Coquille d'Or du festival de Saint Sébastien 2018,. Primé pour la meilleure Direction de la Photographie (Lee Mo Gae) et la meilleure Direction Artistique (Jo Hwa Sung).

Pour ma part le film est plein de bonnes intentions et a de réels atouts (La direction artistique, le dynamisme, le casting, la transposition du propos au sujet de la réunification). Il gagne en dynamisme ce qu'il perd en profondeur concernant les thématiques denses et bouleversantes de Mamoru Oshii. Son plus gros défaut est de s'adosser à un panthéon de la culture de l'Animation Japonaise et plus particulièrement dans le domaine de la science fiction. (On parle tout de même du papa de Patlabor, la saga Kerberos, Ghost in the shell...). J'aime à penser que le film live est un réel tremplin pour les personnes ne connaissant pas bien ou peu l'univers des Kerberos et souhaitant entrer dans cette mythologie de façon plus légère sans que le propos complexe ne les étouffent. Pour les fans absolus de la saga, l'accueil sera forcément moins simple. Je ne peux que faire appel à leur bienveillance et surtout ne pas oublier que le film est un remake de Jin roh, pas nécessairement de l'ensemble de la saga. De fait, les 2 heures de visionnages doivent se faire en s'affranchissant un minimum des codes d'origine. Posons nous un moment, est ce qu'une copie complète et parfaite du film animé apporterait quelque chose? Je ne pense pas, l'animé était réellement un petit bijou. J'espère en tout cas que vous donnerez une chance à cette bonne surprise qu'est Illang. Un hommage teinté de scènes digne de production triple A réalisé avec soin.

 

©LP'C
©Netflix

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